HARRAOUBIA ET LES ÉTUDIANTS
Le divorce est consommé
24 Février 2011 - Page : 24
Lu 1367 fois
Des sanctions sévères seront prises contre les membres des forces de l’ordre auteurs de brutalités contre des étudiants.
«De la poudre aux yeux». C’est par ces termes significatifs que des étudiants issus des universités et des grandes écoles ont commenté les décisions prises lors du Conseil des ministres, réuni mardi 22 février. L’abrogation du décret présidentiel du 13 décembre 2010, «ne va pas nous faire taire. Ce n’est qu’une revendication incluse dans notre plate-forme», souligne, Smaoui Adel, étudiant en 3e année en génie civil et représentant de l’Ecole nationale polytechnique.
Les points essentiels, dont l’instauration d’écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles, l’accès à ces écoles sur concours écrit et non sur dossier... «ne sont point cités lors du Conseil des ministres», enchaîne notre vis-à-vis. Ce conseil, rappelons-le, a confirmé la validité du diplôme d’ingénieur d’État délivré par les établissements d’enseignement supérieur et le maintien des formations de magistère pour les diplômés de l’ancien système de formation universitaire jusqu’à son extinction.
Cependant, cette frange estudiantine «veut du concret», souligne un étudiant en 5e année ingénieur en génie mécanique venu de Tizi Ouzou pour partager ces moments forts avec des milliers d’étudiants qui organisent depuis une semaine, des sit-in pacifiques devant le département de l’enseignement supérieur. Dans la nuit de mardi à mercredi, une centaine d’étudiants ont passé la nuit devant le département de Harraoubia. Les températures basses, les pluies qui se sont abattues pendant plusieurs minutes, n’ont pas entamé la détermination de ces noctambules. Merzouk A., en 5e année de génie mécanique à l’université de Boumerdès, salue la solidarité des autres instituts. «Ils nous ont assuré la nourriture, sinon on aurait crevé de faim», dit-il.
A 11 heures légèrement passées, on apprend que des universitaires de l’ex-INC sont menacés d’exclusion pour avoir gelé leurs cours et participé à ce mouvement. «On est exclues», dit une étudiante en 2e année magistère, spécialité marketing, entourée de ses copines. «Ce sont les responsables qui étaient solidaires mardi, qui nous l’affirment», relate-t-elle.
Demander ses droits peut coûter cher. Quant aux décisions du Conseil des ministres, elle s’explique: «C’est uniquement pour calmer les esprits». Même langage pour la porte-parole de l’Epau: «D’un côté, on dit qu’on représente l’élite et de l’autre, on nous laisse dans le flou.» Lors du Conseil des ministres, Bouteflika a insisté «sur le dialogue et la communication permanents qui doivent accompagner la mise en place graduelle d’une réforme aussi importante et vitale que celle concernant le système national de formation et d’enseignement universitaire». Et Harraoubia continue d’agir, faisant fi des récentes recommandations du Président. Pour Manel, de l’ex-INI, «le ministre décide et fait appliquer sans prendre de temps de tendre l’oreille». Ce que le ministère a promis lundi par écrit, n’était finalement que «des propos en l’air».
Les délégués des huit grandes écoles, ayant des revendications communes, avec qui Rachid Harraoubia devait se réunir, hier matin, sont revenus sans réponse convaincante. Ils sont restés au niveau de leur département de tutelle pendant près de trois heures, de 9h à 11h50, sans obtenir de réponse. Pire, cette élite n’a pas pu voir le ministre. «Il est en réunion», leur a fait savoir un responsable. Argument qui n’a convaincu personne.
«Harraoubia ne veut voir qu’une tête, la sienne», lance un doctorant à l’université d’Alger. La suffisance est servie... Les étudiants ne veulent pas de la politique consistant à crier fort ni de celle de faire la sourde oreille: les deux conduisent à se faire toujours plus d’«ennemis» qui ne sont autres que ces mêmes étudiants. Quant à eux, ils campent sur leur position et ne veulent d’interlocuteur que M.Harroubia. «C’est lui, pas un autre, qui est derrière toute cette cacophonie», reprend Salim étudiant. Comme la plupart de ses camarades, un étudiant en 2e année école doctorale en énergétique (Boumerdès) résume leur exigence: «Que le ministre présente des excuses officielles pour nos amis qui ont été brutalement tabassés par les forces de sécurité.»
Fouad IRNATENE
Le divorce est consommé
24 Février 2011 - Page : 24
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Des sanctions sévères seront prises contre les membres des forces de l’ordre auteurs de brutalités contre des étudiants.
«De la poudre aux yeux». C’est par ces termes significatifs que des étudiants issus des universités et des grandes écoles ont commenté les décisions prises lors du Conseil des ministres, réuni mardi 22 février. L’abrogation du décret présidentiel du 13 décembre 2010, «ne va pas nous faire taire. Ce n’est qu’une revendication incluse dans notre plate-forme», souligne, Smaoui Adel, étudiant en 3e année en génie civil et représentant de l’Ecole nationale polytechnique.
Les points essentiels, dont l’instauration d’écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles, l’accès à ces écoles sur concours écrit et non sur dossier... «ne sont point cités lors du Conseil des ministres», enchaîne notre vis-à-vis. Ce conseil, rappelons-le, a confirmé la validité du diplôme d’ingénieur d’État délivré par les établissements d’enseignement supérieur et le maintien des formations de magistère pour les diplômés de l’ancien système de formation universitaire jusqu’à son extinction.
Cependant, cette frange estudiantine «veut du concret», souligne un étudiant en 5e année ingénieur en génie mécanique venu de Tizi Ouzou pour partager ces moments forts avec des milliers d’étudiants qui organisent depuis une semaine, des sit-in pacifiques devant le département de l’enseignement supérieur. Dans la nuit de mardi à mercredi, une centaine d’étudiants ont passé la nuit devant le département de Harraoubia. Les températures basses, les pluies qui se sont abattues pendant plusieurs minutes, n’ont pas entamé la détermination de ces noctambules. Merzouk A., en 5e année de génie mécanique à l’université de Boumerdès, salue la solidarité des autres instituts. «Ils nous ont assuré la nourriture, sinon on aurait crevé de faim», dit-il.
A 11 heures légèrement passées, on apprend que des universitaires de l’ex-INC sont menacés d’exclusion pour avoir gelé leurs cours et participé à ce mouvement. «On est exclues», dit une étudiante en 2e année magistère, spécialité marketing, entourée de ses copines. «Ce sont les responsables qui étaient solidaires mardi, qui nous l’affirment», relate-t-elle.
Demander ses droits peut coûter cher. Quant aux décisions du Conseil des ministres, elle s’explique: «C’est uniquement pour calmer les esprits». Même langage pour la porte-parole de l’Epau: «D’un côté, on dit qu’on représente l’élite et de l’autre, on nous laisse dans le flou.» Lors du Conseil des ministres, Bouteflika a insisté «sur le dialogue et la communication permanents qui doivent accompagner la mise en place graduelle d’une réforme aussi importante et vitale que celle concernant le système national de formation et d’enseignement universitaire». Et Harraoubia continue d’agir, faisant fi des récentes recommandations du Président. Pour Manel, de l’ex-INI, «le ministre décide et fait appliquer sans prendre de temps de tendre l’oreille». Ce que le ministère a promis lundi par écrit, n’était finalement que «des propos en l’air».
Les délégués des huit grandes écoles, ayant des revendications communes, avec qui Rachid Harraoubia devait se réunir, hier matin, sont revenus sans réponse convaincante. Ils sont restés au niveau de leur département de tutelle pendant près de trois heures, de 9h à 11h50, sans obtenir de réponse. Pire, cette élite n’a pas pu voir le ministre. «Il est en réunion», leur a fait savoir un responsable. Argument qui n’a convaincu personne.
«Harraoubia ne veut voir qu’une tête, la sienne», lance un doctorant à l’université d’Alger. La suffisance est servie... Les étudiants ne veulent pas de la politique consistant à crier fort ni de celle de faire la sourde oreille: les deux conduisent à se faire toujours plus d’«ennemis» qui ne sont autres que ces mêmes étudiants. Quant à eux, ils campent sur leur position et ne veulent d’interlocuteur que M.Harroubia. «C’est lui, pas un autre, qui est derrière toute cette cacophonie», reprend Salim étudiant. Comme la plupart de ses camarades, un étudiant en 2e année école doctorale en énergétique (Boumerdès) résume leur exigence: «Que le ministre présente des excuses officielles pour nos amis qui ont été brutalement tabassés par les forces de sécurité.»
Fouad IRNATENE