La durée d’une seconde doit-elle être calquée sur la rotation de la terre? Vous ne comprenez pas cette question? C’est pourtant sur cet épineux problème que va se pencher l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), comme le rapporte la radio américaine NPR. Explications.
Toutes nos unité de mesure temporelles (secondes, jours, années…) ont été fixées après observation des cycles terrestres. Mais elles sont en réalité inexactes, même si nous ne pouvons pas vraiment le percevoir au quotidien.
Ainsi notre bonne vieille Terre met 365,2425 jours pour faire le tour du Soleil. Problème: notre année civile ne compte que 365 jours. Pour pallier ce décalage, un jour intercalaire est ajouté tous les quatre ans, lors des années bissextiles. Sans cet ajustement nous risquerions à la longue de nous retrouver en hiver en plein mois de juin.
Ce principe vaut aussi pour les secondes. Celles que l’on utilise, sur nos montres par exemple, sont celles du temps universel coordonné (UTC), calculé à partir de deux mesures:
- le temps atomique international, où la seconde est «définie par une horloge atomique qui utilise l’incroyable régularité des vibrations des atomes». Ce temps-là est stable puisque les réactions atomiques se reproduisent toujours de la même manière.
- le temps universel, fondé sur la rotation terrestre. Or notre planète est capricieuse et sa rotation n’est pas régulière, du fait de l’attraction solaire ou lunaire. En conséquence, une journée peut durer plus ou moins longtemps, à quelques millièmes de secondes près.
Afin de faire correspondre le temps atomique avec le temps universel, l’UIT recommande régulièrement l’ajout d’une seconde intercalaire, dont «le principe est le même que celui de l’année bissextile», remarque le Financial Times. C’est cette seconde que l’UIT va peut-être décider de supprimer.
Voilà pour le côté technique du débat. Reste la question principale: à quoi sert-il d’être calé sur la rotation terrestre? Pas à grand-chose répondent de plus en plus de pays, comme la France ou les Etats-Unis:
«Cette synchronisation avec le temps universel n’est plus vraiment nécessaire. Les sauts de secondes deviennent de plus en plus problématiques pour les marchés financiers, le transport aérien ou encore les systèmes de télécommunication et de navigation, qui requièrent une référence temporelle continue.»
Mais pour beaucoup d’autres pays le débat est plus philosophique que technique. Le Royaume-Uni ou la Chine sont ainsi fermement opposés au système actuel, comme l’explique un membre de l’Observatoire royal de Londres:
«Pour la première fois de notre histoire, le temps sera uniquement défini par des instruments humains, et ne sera plus lié à la rotation terrestre. Cela nous déconnecterait de la nature, ce qui n’est pas ce que les gens souhaitent.»
Une telle déconnexion n’est cependant pas à craindre dans l’immédiat. Si cette seconde intercalaire est supprimée, le décalage avec l’heure solaire ne sera que d’une heure en 2512.
Photo: Horloge électrique Brillié. zigazou76 via Flickr CC Licence by
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