Académie algérienne des sciences et technologies
L’assemblée plénière de l’Académie algérienne des sciences et technologies (ASTA) a procédé, il y a quelques jours, à l’élection de son bureau composé d’un président et de deux vice-présidents élus pour un mandat renouvelable d’une durée de quatre ans.
Et c’est une femme, Mme Malika Allab, physicienne et doyenne des membres de l’Académie, qui a été élue présidente de l’ASTA avec une majorité de 29 voix sur 46. Une autre universitaire, Mme Samia Benabbas, architecte et urbaniste, a décroché l’un des deux postes de vice-président. Un signal fort pour la gent féminine présente en force dans les universités algériennes.
Et à présent que la composante du bureau est connue, «l’assemblée plénière se réunira d’ici la mi-décembre pour élaborer le règlement intérieur de l’ASTA», nous dit-on. Mais avant d’esquisser cette feuille de route, les membres de l’Académie devront, avance- t-on par ailleurs, aborder préalablement la problématique de la logistique, véritable nœud gordien de cette haute institution scientifique. Où vont se rencontrer les académiciens ? L’ASTA ne dispose pas encore d’un siège digne de son rang, de quoi s’interroger sur les motivations réelles et le degré d’implication des autorités centrales quant à la réussite de ce projet de grande envergure.
A ce titre, l’installation des membres fondateurs et l’élection du bureau de l’ASTA se sont presque faites en catimini, nous affirme-t-on, et ce, en porte-à-faux avec les propos redondants et exubérants des officiels au sujet de la place prépondérante de la science dans la politique gouvernementale. Hormis le ministre de tutelle, le Premier ministre n’a pas assisté à l’installation du noyau fondateur de l’Académie, d’autant que celle-ci, si l’on se réfère au décret de sa création, est une affaire interministérielle. Les académiciens espèrent, toutefois, que les choses évolueront dans le bon sens et que la prochaine rencontre, ce mois-ci, permettra à l’ASTA de prendre son envol.
Cette institution nationale à caractère scientifique, permanente, a été créée par décret présidentiel n°15-85 du 10 mars 2015 ; elle regroupe des personnalités nationales et étrangères qui se sont illustrées dans le domaine des sciences et des technologies. Elle est composée d’un noyau de 46 membres, dont 11 femmes (soit 25% des membres), sélectionnés sur un total de 366 postulants par un jury international composé de 12 académiciens issus de prestigieuses institutions mondialement connues, comme les académies royales de Grande-Bretagne et de Suède, sur la base de critères scientifiques universels.
Ce noyau fondateur compte également parmi son effectif six universitaires faisant partie de la communauté algérienne établie à l’étranger, et se compose essentiellement d’universitaires et chercheurs exerçant dans des établissements universitaires algériens. L’université des sciences et technologie Houari Boumediène d’Alger (USTHB) rafle la mise avec 10 membres retenus, suivie par les universités de Constantine et de Annaba avec quatre membres chacune.
Une institution de référence
Pour faire partie de ce noyau constitutif, les prétendants devaient remplir certaines conditions, notamment la détention de grade de professeur de l’enseignement supérieur ou de directeur de recherche en activité ou à la retraite, ou encore technologue en possession d’un diplôme d’ingénieur d’Etat, âgé de 40 ans minimum. Outre ces conditions, les candidats devaient être issus des domaines des sciences et technologies, à savoir les sciences de la terre et de l’univers, les sciences de la vie et de la nature, les sciences médicales, les sciences de l’ingénieur, les mathématiques, la chimie, la physique et l’informatique.
Cela étant, conformément au décret de création de cette Académie, les autres membres titulaires de l’ASTA seront progressivement admis à raison de 25 par an pendant six ans jusqu’à ce que leur nombre atteigne les 200, répartis entre académiciens titulaires, élus par leurs pairs et membres associés choisis parmi des personnalités étrangères de haut niveau et de notoriété internationale susceptibles de contribuer au développement scientifique et technologique en Algérie. Cette honorable composante aura pour principales missions de «promouvoir les sciences et technologies, conseiller les autorités dans ce domaine, devenir une institution de référence sur les questions technologiques et contribuer à bâtir une nation de la connaissance et de l’innovation compétitive».
Au plan international, l’Académie algérienne des sciences et technologies ambitionne également de participer aux réflexions menées au niveau international et constituer une tribune pour les scientifiques algériens. En dotant cette haute institution scientifique d’un budget annuel et de crédits inscrits au budget de la présidence de la République, l’Etat algérien mise gros sur les membres de l’ASTA en leur qualité de «gardiens» de l’excellence nationale afin de propulser «la culture scientifique» en Algérie.
En juillet dernier, à l’issue de l’approbation du noyau fondateur de l’ASTA par le Conseil des ministres, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avait affirmé : «L’élite algérienne exerçant dans le pays et à l’étranger était la plus consistante du continent africain et du Monde arabe», mais qu’elle n’attendait qu’«une représentation nécessaire à son expression et à sa visibilité dans le monde». Pour l’heure, les membres fondateurs de cette institution scientifique aspirent avant tout à un siège convenable pour entamer leurs travaux pour être justement à la hauteur des espérances du gouvernement et traduire sur le terrain les missions prometteuses qui leurs sont dévolues.
El Watan, 02/12/2015.